POC ou pas POC, l’important c’est de scaler l’initiative.
Le POC (Proof of Concept) est devenu un rite de passage dans les projets IA. On le présente comme une preuve d’agilité. En réalité, dans 80% des cas, c’est un outil de déresponsabilisation.
Il est censé tester une idée sur un périmètre limité. En pratique, il occupe les parties prenantes, retarde une vraie décision, ou alimente une vitrine d’innovation sans impact réel.
👉 C’est un mécanisme politique plus qu’un outil stratégique.
Exemples de POC manqués
📌 Exemple : En 2019, un grand groupe télécom teste un POC IA sur le churn client. Résultat : l’analyse fonctionne, mais les recommandations sont trop brutes pour le marketing et trop floues pour le board. Projet enterré.
Source : Capgemini Invent, 2020
📌 Exemple : En 2018, la RATP pilote un chatbot usager. Fonctionnel mais jamais déployé : rejet interne, absence d’intégration, soutien politique inexistant.
Source : L’Usine Digitale
Les 4 limites structurelles du POC
- Non-scalabilité : il fonctionne dans un coin avec une équipe dédiée, mais se heurte à la réalité quand on veut l’étendre.
- Déconnexion métier : souvent piloté par une direction innovation isolée, sans ancrage terrain.
- Absence de sponsor : il est toléré mais n’est porté ni politiquement, ni stratégiquement.
- Instrumentalisation : il devient une caution d’innovation plus qu’un levier de transformation.
📌 Exemple : En 2020, la SNCF teste un chatbot pour l’information voyageurs. Malgré des résultats corrects, le projet échoue faute d’intégration et de volonté réelle.
Source : La Tribune
Ce qui fait réussir un POC
📌 Exemple positif : En 2019, Air France teste l’automatisation de la replanification des vols. Pourquoi ça fonctionne ?
- Projet co-construit avec les équipes opérationnelles.
- Douleur réelle traitée, ressentie quotidiennement.
- Résultats mesurés sur un indicateur métier : satisfaction client et délai de reprogrammation.
👉 Ce n’est pas la technologie qui fait le succès. C’est l’alignement entre besoin terrain, sponsor réel et pilotage clair.
Le POC est un révélateur politique
Pourquoi les POCs sont-ils pilotés depuis des centres d’innovation ? Parce qu’ils brillent en surface sans déranger la structure. Mais ce sont justement ces zones sans tension qui échouent.
Proposition alternative : chaque équipe métier devrait disposer d’un budget d’innovation localisé, avec un incentive réel à faire marcher quelque chose, pas à le bloquer. Ce renversement incite à l’appropriation, à la friction utile, et à la montée en puissance de solutions enracinées dans le réel.
Est-ce risqué ? Oui. Mais c’est plus stratégique que de faire tourner une douzaine de POCs morts-nés dans un centre d’innovation qui alimente la newsletter de la holding. (quand le POC est utile et ses limites) 3. Le mythe de l’IA plug-and-play pour les organisations complexes 4. Les coûts cachés de l’IA industrialisée et les vrais leviers d’optimisation (CML, agents, algos…)